Les comités indépendants : une nouvelle tendance en milieu scolaire anglophone?


Dans la foulée de l’étude du projet de loi 86 des groupes indépendants se sont formés. Ces groupes défendent l’idée, entre autres,  du droit des parents de contrôler et gérer leurs écoles. Ils  se distinguent du message habituellement porté par les élus et les représentants de commissions scolaires anglophones qui défendent plutôt les droits de la communauté de gérer et contrôler ses écoles.

Récemment deux groupes ont été formés: le Comité du pouvoir parental en gouvernance scolaire (je fais partie de ce groupe) et le Parents for a Democratic English Montreal School Board. Les raisons justifiant  le choix de former ces groupes diffèrent.

D’une part, le Comité du pouvoir parental en gouvernance scolaire (CPPGS) a été créé spécifiquement pour traiter  de l’abolition des élections scolaires et le projet de loi 86. Conçu dans une perspective de démocratie participative, (versus représentative), le groupe a été formé par des parents et anciens parents qui ont tous été membres de conseils d’établissement. Plusieurs personnes ont une formation en éducation. Tous ont été impliqués à divers niveaux en gouvernance scolaire, plusieurs, pendant de nombreuses années. Ne partageant pas la même lecture de l’article 23 de la charte canadienne et de la Loi sur l’instruction publique, le CPPGS est sidéré quant au traitement des parents, au manque de respect de la place qui leur est réservée à l’école anglophone. C’est pourquoi, le Comité a réagi en juin 2015 lorsque le groupe de M.Jennings a été mis en branle. Le Comité, remettant en question les prémisses du groupe Jennings,  a fait le choix d’être indépendant et de participer aux débats. Le CPPGS ne prétend pas représenter les parents mais défend le droit de ces derniers de gérer et de contrôler les écoles dans le cadre prévu par la loi.

D’autre part, Le Parents for a Democratic English Montreal School Board a  été créé, selon ma compréhension,  suite à un malentendu en ce qui a trait à l’indépendance des comités de parents à la Commission scolaire English Montreal (CSEM). Il regroupe des parents dont les enfants sont inscrits à l’école  et des supporteurs.  Au courant de l’année, la structure des comités de parents a été modifiée. Le déroulement des événements n’est pas très clair, selon J.Charron l’initiative vient des parents, ce n’est pas tout à fait la perspective de A.Ross. Pour en savoir plus à ce sujet, voici une entrevue de CJAD avec A. Ross et J.Charron tous deux parents commissaires à la CSEM. Veuillez noter que J.Charron est également un directrice-parent à l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec, un nouveau poste créé cette année. Elle a été choisie par le conseil des commissaires de sa commission scolaire pour siéger à l’ACSAQ. Il n’est pas clair comment et pourquoi elle est devenue directrice.

Or, ces groupes indépendants, externes au système, sont forts mal perçus.

En ce qui a trait au CPPGS, les opposants ne comprennent pas le principe de la démocratie participative. En démocratie, ce ne sont pas que les représentants élus ( démocratie représentative) qui ont une voix mais tous les citoyens. La démocratie participative permet à tous de participer aux débats. Le fait que des représentants élus soient contre un projet de loi ne signifie pas que les citoyens les appuient. Ils ont le droit de s’exprimer. C’est justement pourquoi, tous les citoyens sont invités à déposer des mémoires en commission parlementaire.

En ce qui a trait au Parents for a Democratic English Montreal School Board, il s’agit pour un élu, des parents et autres de défendre un principe, celui de l’indépendance des comités de parents. Selon un article du Suburban, le groupe Parents for a Democratic English School Board, s’oppose à une décision du conseil des commissaires de la commission scolaire concernant la composition du comité central des parents.

[ma traduction] En février, le conseil des commissaires a voté afin de modifier la composition du comité central des parents, ce qui a doublé le nombre de membres qui est de 49, en réponse à une demande publique de certains parents pour obtenir plus de représentants au comité des parents auprès des commissaires.

A. Ross, a été récemment l’objet d’ une plainte à l’éthique, le conseil des commissaires de la CSEM a voté en faveur d’une résolution à cet effet.  Les membres du conseil ne voient pas d’un bon oeil, le fait que ce parent-commissaire fasse partie du groupe qui entreprend un recours juridique contre la commission scolaire. Ce dernier n’aurait pas fait preuve de solidarité envers le conseil. Ici, on peut bien vouloir que M.Ross soit solidaire mais il est aussi redevable aux comités de parents. Ne joue-t-il pas son rôle en s’opposant à l’ingérence de la commission scolaire dans les affaires qui appartiennent aux comités de parents?

Bref, ces deux groupes indépendants viennent, à mon avis, de renverser la tendance dans le monde scolaire anglophone. D’abord, le discours public voulant qu’il faille défendre les droits de la communauté doit maintenant faire place à une autre lecture de l’article 23 de la charte canadienne, soit celle du  droit des parents de contrôler et gérer leurs écoles. Puis, une décision des commissaires concernant des changements à la structure des comités de parents est contestée en cour de justice. En milieu anglophone, il me semble qu’ on assiste à un renversement de situation. Le sacre des commissaires, dignes représentants de la communauté, tirerait-il  à sa fin, les parents prendront-ils enfin leur place? Pour cela, il faudrait que le conseil des commissaires de la commission scolaire arrête de mettre les bâtons dans les roues des parents et que les parents collaborateurs, ceux qui ont une foi inébranlable envers les représentants de la communauté, se questionnent quant aux raisons motivant  leur positionnement. Est-ce que cette collaboration est dans le meilleur intérêt des élèves ou celui de la communauté?  L’indépendance des comités de parents n’est-elle pas un principe qui mérite d’être défendu?

 

 

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